
Un visa unique pour l’Asie du Sud-Est : la clé pour dynamiser le tourisme régional ?
Avec la reprise rapide du tourisme mondial après le COVID-19, l’initiative Visa commun pour l’Asie du Sud-Est : six pays – une seule destination représente une opportunité prometteuse pour stimuler le tourisme régional. Ce visa commun permettrait aux voyageurs internationaux d’entrer dans six pays d’Asie du Sud-Est – le Vietnam, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, la Malaisie et le Myanmar – avec un seul visa. Ce visa unifié devrait simplifier les procédures de voyage, encourager les circuits multi-pays et ouvrir de nouvelles perspectives aux entreprises touristiques à travers la région.
Contexte
Les données post-COVID-19 de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) indiquent une forte reprise du tourisme mondial. Au cours des sept premiers mois de 2024, les arrivées de touristes internationaux ont atteint 96 % des niveaux d’avant la pandémie, avec 790 millions de voyageurs dans le monde. Dans la région Asie-Pacifique, comprenant des pays comme le Vietnam et la Thaïlande, les niveaux de tourisme ont atteint 82 % des chiffres d’avant la pandémie au premier trimestre 2024, soulignant l’intérêt croissant pour les destinations culturelles et pittoresques d’Asie du Sud-Est.
Un groupe de voyageurs indiens visitant le complexe Ho Chi Minh à Hanoï, Vietnam. Source : 365 Travel
Cependant, les exigences complexes en matière de visa restent un obstacle pour les touristes souhaitant explorer plusieurs pays d’Asie du Sud-Est en un seul voyage. Pour résoudre ce problème et améliorer la compétitivité régionale face à des marchés comme l’UE, l’idée d’un visa commun pour six nations d’Asie du Sud-Est – inspiré du visa Schengen européen – a été proposée en 2023 par le Premier ministre thaïlandais Srettha Thavisin lors de discussions avec les gouvernements du Cambodge, du Laos, de la Malaisie, du Myanmar et du Vietnam. L’initiative vise à créer un visa unique permettant aux voyageurs internationaux de visiter les six pays sans avoir à demander plusieurs visas séparés.
Lors d’une réunion tenue le 9 octobre en marge des 44e et 45e sommets de l’ASEAN au Laos, le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh et la Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra ont convenu de collaborer avec les pays concernés pour mettre en œuvre l’initiative à titre pilote en vue de dynamiser le tourisme régional.
Le Premier ministre vietnamien et la Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra lors des 44e et 45e sommets de l’ASEAN. Source : VNA
Les avantages du visa commun pour les voyageurs et le tourisme
Gain de temps et réduction des coûts
L’initiative de visa commun pour les six nations – Thaïlande, Vietnam, Cambodge, Laos, Malaisie et Myanmar – peut considérablement réduire les coûts et le temps pour les voyageurs internationaux. Selon l’Union européenne, le système de visa Schengen a permis de réduire les frais de visa d’environ 30 % pour les voyageurs hors UE. Ce succès montre qu’un visa partagé pour l’Asie du Sud-Est pourrait offrir des avantages similaires, rendant la région plus accessible et attrayante pour les visiteurs du monde entier, qui éviteraient ainsi les tracas de plusieurs demandes de visa.
Encourager le tourisme multi-destinations
Voyageurs visitant Angkor Wat, Cambodge. Source : 365 Travel
L’indice 2023 de la valeur des voyageurs d’Expedia révèle une demande croissante pour des séjours prolongés et des voyages multi-pays. De plus en plus de voyageurs souhaitent maximiser leurs expériences en visitant plusieurs destinations au cours d’un même voyage. Cette tendance est particulièrement forte dans les régions où la connectivité est bonne et les options de déplacement simplifiées, à l’image de l’espace Schengen. Un visa commun pour six pays d’Asie du Sud-Est encouragerait davantage cette tendance, facilitant la logistique et stimulant le tourisme régional, avec des retombées économiques positives pour la région.
Les défis de l’initiative de visa commun en Asie du Sud-Est
Diversité des politiques d’entrée et sécurité nationale
Chaque pays applique ses propres règles en matière de permis d’entrée, normes de sécurité et contrôles migratoires pour assurer la sécurité nationale, protéger ses citoyens et prévenir l’immigration illégale ou la criminalité transfrontalière. Des pays comme le Vietnam et la Thaïlande ont des politiques de visa différentes pour les voyageurs non-ASEAN. Par conséquent, la mise en place d’un visa commun nécessiterait un consensus sur un cadre politique partagé. Il faudrait également harmoniser les standards de sécurité et les pratiques de contrôle aux frontières.
Passagers à l’aéroport de Tan Son Nhat à Hô Chi Minh-Ville, Vietnam. Source : 365 Travel
Gérer un système de visa commun pour six pays
La mise en œuvre d’un visa commun nécessiterait une coopération étroite entre les six pays en matière de technologie et de gestion des processus, chaque nation disposant de bases de données et de systèmes de contrôle distincts. Pour rendre le visa commun réalisable, chaque pays devrait investir dans des technologies pour connecter et partager les données sur les voyageurs. Cela demanderait du temps, des fonds et des solutions fiables pour assurer un partage sécurisé de l’information. Le système Schengen en Europe montre à quel point ce processus est complexe : il a fallu des décennies à l’UE pour harmoniser les mesures de sécurité et les systèmes de données.
Des opportunités pour les entreprises de voyage
Le visa commun offre un fort potentiel de croissance pour les agences de voyage, notamment celles spécialisées dans les circuits multi-destinations. La simplification des démarches permet aux entreprises de proposer des forfaits transfrontaliers plus flexibles, répondant à la demande croissante des touristes internationaux. Cet accès facilité permettra aux agences de tirer parti de cette tendance, favorisant un secteur du tourisme régional plus connecté et plus rentable.
Cindy Nguyen, directrice générale de 365 Travel, a partagé son avis sur cette initiative : « Si la nouvelle politique de visa est adoptée, ce serait une formidable opportunité pour le secteur touristique vietnamien et un changement bienvenu pour les agences comme la nôtre. » Actuellement, le Vietnam accorde une exemption de visa à 25 pays, contre 162 pour la Malaisie et 93 pour la Thaïlande. Toutefois, les procédures vietnamiennes restent plus complexes. En général, les clients passent une semaine au Vietnam avant de poursuivre vers d’autres pays de la région. La mise en place d’un visa commun simplifierait les démarches, réduisant les coûts et incitant les voyageurs – notamment ceux venant de loin – à prolonger leur séjour dans plusieurs pays au lieu de se limiter à une ou deux destinations.